l'atelier

Gilbert Dupuis – 8 rue Nationale, 35000 Rennes – tél.: 02 99 79 22 47

 

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"d'un atelier à l'autre"

Gilbert Dupuis chez HYPNA
22 rue de Redon, 35000 Rennes
du 25 septembre au 1er octobre 2006

 

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C’est sans doute dans la circulation entre les ateliers qu’une production artistique est à la fois la plus mise à l’épreuve et la moins maquillée.

«d’un atelier à l’autre » pourrait être aussi « comment les autres ».
Dans l’atelier de Philippe Collin, nous retrouverons par exemple une utilisation du « voile de forçage ». Ce rapprochement de l’emploi du même matériau induira donc le questionnement sur ce qui est semblable et différent dans les œuvres. Chacun pourra jouer sans difficulté au jeu des différences, le jeu le plus prisé surtout par les artistes eux-mêmes, mais pourtant ce qu’il y a de commun me paraît être pour une fois le plus significatif à pointer ici.
Si la fameuse phrase (de Picasso) « il n’y a pas de progrès en art » est incontournable, il n’en reste pas moins vrai qu’il y a des progrès technologiques. Les techniques et les matériaux évoluent et l’artiste est devant une profusion à investir. Nous faisons cela. Pour ma part c’est l’écart entre l’archaïsme le plus primaire et le modernisme le plus présent qui me fascine. Du pigment brut de terre en particulier au matériau le plus sophistiqué. De la préhistoire à l’électronique.
De fait la modernité est de plus en plus composite et c’est plutôt à mes yeux un prosélytisme inutile que de ne croire qu’à l’ancien ou au nouveau, voire à une tradition souvent récente donc moyenne. L’usage que je fais d’un geste primaire : découper, déchirer, arracher… est aussi la permanence d’un geste humain dans les mutations de son environnement fut-il en direct ou par les moyens distanciés de la photographie et de l’ordinateur.
L’artificialisation du monde physique est de condenser certaines de ses propriétés. Yves Pazat crée des environnements d’images électroniques, comme il a créé dans les années 80 des environnements de fragments de nature et de pierres dont certaines luminescentes. C’est donc aussi pour moi un répondant à une conscience de l’ordinateur que j’utilise pour forcer certaines ponctuations de reflet et de couleur. Son passage de l’environnement d’objets à celui d’images numérisées me rappelle que je suis passé de la presse à bras à l’ordinateur, de la gravure à l’empreinte numérique. Car il s’agit bien ici d’empreinte. Une plaque de verre a été posée dans la cour d’HYPNA comme dans d’autres endroits et la photographie numérisée a pu être modifiée, renforcée, son artifice contrôlé, comme l’imprimé – l’estampe - d’un imprimant – une plaque - encré, essuyé et pressé.

L’endroit fait le larron. Une remarque privilégiée de ressemblance et différence m’avait été faite dans son atelier par Aurélie Nemours. Nous avions exposé peu de temps avant au salon des Réalités Nouvelles en 1984 ou 1985 et discuté devant sa première maquette de ce qui allait devenir l’alignement du XXIe siècle à Rennes. Elle trouvait une ressemblance entre une reproduction d’un « à Bouvard & Pécuchet »* fait d’un assemblage de pages croisées et un de ses « rythmes au millimètre » qui initialisait sa maquette. « Nous avons fait la même chose » dit-elle, et « au même moment » a-t-on pu ajouter au vu des dates : 1976-1977. S’il s’agissait pour elle de peindre la rencontre entre la verticale et l’horizontale, c’était pour moi de trouver une structure d’expansion. Il y avait des carrés également répartis dans les deux cas. Nous avons donc conclu, plus tard, que le sens d’une même forme pouvait bien être très différent et aussi que tout le monde pouvait bien faire un carré noir même si cela n’est pas un carré noir comme celui de Malevitch.

G. Dupuis
Rennes, septembre 2006

*Une première série a été exposée à la Maison de la Culture dans «Constat Rennes» en 1976.